Matimekush, un village de sept cents âmes de la tribu innue, est adjacent à Schefferville, une ancienne ville minière à l'abandon aux allures postapocalyptiques. Situé au nord du 55e parallèle et inaccessible par route, le village est en voie de devenir la première communauté innue-africaine. Comment deux peuples que tout semble éloigner au premier regard tentent-ils de construire un nouveau monde dans le désert de glace du Grand Nord québécois? Les Innus de Matimekush, chasseurs-cueilleurs nomades que les compagnies minières, avec l'aide du gouvernement canadien et du clergé, ont obligés à se sédentariser dans les années 1950 et 1960, accueillent, depuis une dizaine d'années, des immigrants africains sur ses terres ancestrales. À l'école Kanatamat, le coeur de la communauté, presque tous les professeurs du secondaire sont originaires d'Afrique de l'Ouest. Contrairement aux quelques travailleurs blancs qui vont faire leur chemin de croix pendant quelques semaines pour se remplir les poches avant de revenir au sud et qui ne s'intègrent que peu à la communauté jugée difficile par plus d'un, les Africains de Matimekush y font leur vie et sont un modèle d'intégration. Ils retrouvent chez les Innus des valeurs qui sont les mêmes que les leurs : la blessure du colonialisme, l'animisme, le choc entre modernité et tradition, l'esprit communautaire et le partage des ressources, une certaine idée cyclique du temps et la presque sacralisation des aînés. Si le climat rude et les problèmes sociaux font fuir la plupart des Blancs qui se retrouvent parachutés à Matimekush pour le travail, les professeurs africains, à force d'acharnement, créent des liens précieux et durables avec les membres de la communauté. Comme plusieurs le disent : « Le choc thermique est bien plus grand que le choc culturel! » Le film suit la construction, souvent difficile, de cette communauté où chacun à sa façon tente de dépasser les traumatismes de son histoire, une histoire bien plus commune qu'elle ne semble l'être de prime abord.